40Printemps / Primavera 2001
Joe Bousquet: poète de l’inoubliable
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Sommaire / Indice
Germaine Mumuhlethaler Tartaglia, Le temps est le cœur des amours sans tache
Gaston Puel, Élémentaires
Suzon Esmein Esteve, Les volets ouverts Estève et Bousquet: histoire d’une amitié
Camille Esteve, Quelques aspects de la correspondance entre Joë Bousquet et Claude-Louis Estève suivi de Trois Lettres
Jean-Yves Debreuille, Comment Bousquet vint au poème
Adrien Gur, Une conscience affranchie de sa gravitation matérielle. Lecture du Meneur de lune
Isabelle Chol, Joë Bousquet, La connaissance du soir: les éclats du sujet poétique
Adriano Marchetti, Le cahier noir: l’obscurité anatomique de l’amour
Claude Foucart, Joë Bousquet et Schiller: dialogue sur la beauté
Nicole Bhattacharya, Confrontation de voyants: Bousquet en face de Rimbaud
Jean-Pierre Zubiate, Joë Bousquet et les ambiguïtés de la figuration
Yolande Lamarain, Joë Bousquet et la peinture surréaliste: l’exposition de Toulouse, un bilan
Adolfo Fernandez-Zoila, Joë Bousquet, transparence mystique et sentir du soi
Ginette Augier, Le Dieu de Joë Bousquet
Hubert Chiffoleau, L’œuvre, son secret
Alain Freixe, Les yeux du jour
Suzon Esmein Esteve, Les volets ouverts Estève et Bousquet: histoire d’une amitié
Louis Estève (1890-1933), dit Claude-Louis, professeur de philosophie à Carcassone puis à Montpellier, entre 1920 et 1932, fut très proche de Joë Bousquet par l’amitié, les lectures. Ils firent ensemble la revue « Chantiers ». M. Guéroult et F. Alquié rassemblèrent en un volume posthume publié chez Vrin en 1938, études philosophiques sur l’expression littéraire, quelques-uns de ses travaux. Il fit des comptes rendus singulières à la « NRF » entre 1929 et 1932. Sujets : « poésie pure », poésie mystique, Novalis, St. Jean de la Croix, Valéry, Gide, Proust, Aragon, Breton, Bousquet.
Camille Estève, Quelques aspects de la correspondance entre Joë Bousquet et Claude-Louis Estève suivi de Trois Lettres
Les quelques lettres dont nous disposons témoignent de la proximité qui existait entre Joë Bousquet et Claude-Louis Estève. L’étude de deux d’entre elles permet de mettre au jour les aspects principaux de leur relation, l’influence qu’ils ont pu exercer l’un sur l’autre, la mise en débat de l’actualité littéraire et intellectuelle à laquelle ils avaient l’habitude de se livrer de concert, et la conception de la littérature comme un travail collégial, manifeste dans ces lettres comme dans le projet de la revue « Chantiers ».
Jean-Yves Debreuille, Comment Bousquet vint au poème
Au départ plus préoccupé des possibilités d’exploration par l’écriture que d’inscription dans des genres littéraires préétablis, Joë Bousquet n’a publié que tardivement, en 1943, son premier recueil de poèmes, Mon frère à l’ombre, aux « Cahiers de l’École de Rochefort ». Il y poursuit la quête d’identité qui a toujours été au centre de son œuvre, mais sur des rythmes légers dans lesquels le tremblement du temps devient vertige. On demeure dans ce qui apparaît comme l’entreprise essentielle de Bousquet, qui est simultanément de retarder, de faire advenir, de dire une mort qui avait été placée à son origine. La part d’obscurité inhérente à l’expression poétique lui permet de l’aborder d’une manière renouvelée, dans son attention constante à traiter le langage à la fois comme un complice et comme un inconnu.
Adrien Gür, Une conscience affranchie de sa gravitation matérielle. Lecture du Meneur de lune
À partir du souhait énoncé par Bousquet de doter sa vie d’une conscience affranchie de sa gravitation matérielle, cet article se propose de lire Le Meneur de lune en explorant les nombreux échos que, à différents niveaux, ce vœu ne manque pas de susciter. L’objet de cette étude consiste donc à examiner comment, sur un double plan formel et thématique, le texte sert les desseins d’une parole dont l’attention à la question de l’être ne saurait se cantonner dans le cadre d’un genre prédéfini. Il s’agit de suivre quelques-unes des pistes ouvertes par une écriture qui, ò travers la conscience poétique à laquelle le propose se mesure, mêle étroitement différents types de témoignages et de réflexions pour constamment élargir l’horizon de l’aventure intérieure évoquée.
Isabelle Chol, Joë Bousquet, La connaissance du soir: les éclats du sujet poétique
L’œuvre de Joë Bousquet est protéiforme, énigmatique souvent. La Connaissance du soir n’échappe pas à ces caractéristiques. Partant de l’étude de l’inscription du sujet poétique, dans une trajectoire allant de la non-personne au non-sujet, en passant par le sujet, dans ses tentatives de séparation de soi jamais réalisée, l’analyse du motif de la brisure, dans ses composantes syntaxiques et sémantiques, permet de montrer que l’écriture est moins nostalgie du passé qu’expression d’un désir présent. Entre fragmentation et unité, entre sujet et non-sujet, l’écriture met en place un quasi-sujet, intermédiaire, né du paradoxe de cette activité qui nie le sujet tout en le nommant, qui est à la fois fuite et expression de sa propre douleur aux multiples éclats.
Adriano Marchetti, Le cahier noir: l’obscurité anatomique de l’amour
Le cahier noir est le récit in-fini de la métamorphose intérieure des amants qui recompose de manière symbolique la figure de l’androgyne. Il est également une érotique à travers laquelle Bousquet traduit en forme poétique la substance charnelle de son imagination amoureuse.
Claude Foucart, Joë Bousquet et Schiller: dialogue sur la beauté
Joë Bousquet s’est efforcé de définir sa propre conception de la poésie au contact d’autres écrivains dont Friedrich Schiller. Dans Papillon de neige, il fournit justement une définition de l’art poétique qui tient compte des réflexions de Schiller, notamment dans Les Lettres sur l’éducation esthétique de l’homme. Il s’agit avant tout de rappeler que la poésie ne peut se concevoir que comme « affirmation de la liberté ». Malgré les différences qui existent entre la conception de la poésie chez Schiller et celle du poète moderne qu’est Joë Bousquet, il faut bien constater que, dans les deux cas, il existe une profonde réflexion sur « les frontières de la vérité » poétique.
Nicole Bhattacharya, Confrontation de voyants: Bousquet en face de Rimbaud
Chez Bousquet, comme chez Rimbaud, même ambition de changer la face de l’homme et du monde par la poésie, qui se fait langage d’explorations inouïes de la perception. Et la tâche s’avère exiger, de diverses manières, le sacrifice total de l’individu. Mais Bousquet, mû par une intuition diamétralement contraire de l’infini, construit – méthodiquement et sciemment – une œuvre antagoniste.
Jean-Pierre Zubiate, Joë Bousquet et les ambiguïtés de la figuration
Cet article a pour objet de comprendre la fonction du travail d’imaginer dans l’élaboration de l’ontologie de Bousquet. Observant les personnages, le jeu des tropes et les évocations iconiques dans son œuvre, on définit comment une apparente mise à mal des figures tient en vérité au refus d’une absolutisation du langage, que celles-ci serviraient plutôt à combattre. La figure vient ainsi se poser comme forme et s’altérer sous l’effet de la dynamique discursive, la féerie étant tout autant perturbée par une méditation dessillante qu’elle perturbe les vues objectives.
Yolande Lamarain, Joë Bousquet et la peinture surréaliste: l’exposition de Toulouse, un bilan
Au mois de mars 1946, Joë Bousquet organise une exposition de peinture à Toulouse. Exposition de sa collection, sélection des peintres représentatifs des tendances artistiques de l’époque ? Non. Bien qu’il soit à ce moment-là largement ouvert à bien d’autres courants (Cubistes, les peintres de l’art brut, Fautrier, etc.), Joë Bousquet va s’attacher jusqu’au sacrifice de ses goûts à constituer un manifeste visuel du surréalisme en suivant pas à pas les indications d’André Breton. L’exposition de Toulouse est un hommage marqué au surréalisme alors que ses représentants sont en exil aux États-Unis et que son influence artistique va décliner.
Adolfo Fernandez-Zoïla, Joë Bousquet, transparence mystique et sentir du soi
La transparence mystique est ici recherchée dans les mots eux-mêmes, dans leurs traversées, dans leurs effets. Les citations proviennent du recueil Langage entier, où Joë Bousquet montre le double versant des vocables, celui des savoirs et celui des valeurs. Or, c’est dans ce champ du non-conceptuel que le sentir du soi peut s’enraciner et s’épanouir pour éclore ailleurs, dans un homme autre, proche du « sur-humain ».
Ginette Augier, Le Dieu de Joë Bousquet
Les sentiments de Joë Bousquet envers Dieu ont évalué durant sa vie, allant de la piété filiale au ressentiment et à la haine, pour s’apaiser enfin, mais sans cesser de chercher Dieu, implicitement, dans la pratique spontanée de la bonté et dans le culte voué à la beauté. Attention créatrice, laquelle, au-delà du visible, se révèle comme la recherche de l’Absolu.
Hubert Chiffoleau, L’œuvre, son secret
Alain Freixe, Les yeux du jour
Comptes rendus/Recensioni
Joë Bousquet ou le génie de la vie, Contributions réunies par A. Freixe et R. Piniès (Martin Rueff)
F. Berquin, Hypocrisies de Joë Bousquet (Hubert Chiffoleau)
J. Bousquet, Il quaderno nero, Traduzione e Postfazione di A. Marchetti (Filippo Martellucci)
J. Bousquet, La Conoscenza della Sera, con testo a fronte, a cura di A. Marchetti (Andrea Bedeschi)
Notes de lecture/Schede
Pubblicato con contributi dell’Università di Bologna e del Dipartimento di Filologia e della Fondazione Cassa di Risparmio di Bologna.