Sommaire / Indice
Elisabetta Orsini, La poesia prima della poesia: teoria dell’influenza poetica in Roland Barthes, Harold Bloom e Gilles Deleuze
Anne Marie Miraglia, Les figures du père immigré dans le texte dit «beur»
Peter Schulman, Christian Oster: Flight, desappearence and the modern bachelor
Sophie Guermès, «Une vibration aux abords du rien». La passion de Bernard Simeone
Bruno Tritsmans, Roblès sous le signe d’Icare: aventures maritimes et mythologies solaires
Nadia Minerva, Origine des langues et langue des origines dans la pensée utopique (XVIIe-XVIIIe siècles)
Elisabetta Orsini, La poesia prima della poesia: teoria dell’influenza poetica in Roland Barthes, Harold Bloom e Gilles Deleuze
L’incipit de l’œuvre est en réalité une sorte de conclusion car il a lieu au terme d’un long travail de traversée et de reniement du langage poétique que l’artiste a hérité presque malgré lui: il s’agit là d’un rapport difficile que l’artiste a avec ses propres précurseurs poétiques et ses propres clichés formels. L’interprétation de H. Bloom est fondée sur un principe inhérent à l’auteur et donc sur un concept très fort de la subjectivité; G. Deleuze, au contraire, considère tout délire linguistique comme la manifestation d’un débordement de la subjectivité, l’entrée dans un devenir qui supprime la personne. En ce sens, Deleuze se rapproche de Roland Barthes, pour qui l’articulation d’un texte se fait autour d’un point focal vide, un rien central, une idée évaporée.
Anne Marie Miraglia, Les figures du père immigré dans le texte dit «beur»
Personnage complexe, travailleur, violent et pathétique, le père maghrébin immigré en France hante un grand nombre de textes, romans et récits, dits ‘beurs’. Soucieux de l’honneur familial, du maintien des traditions et des valeurs de son pays natal, ce personnage autoritaire soumis à une humiliation constante est une figure clef du texte ‘beur’. Face au silence et à l’aliénation du père, les jeunes issus de l’immigration s’interrogent sur la langue, sur la mort et sur leur propre identité. Ils prennent la plume tant pour se révolter contre le mutisme et la mort du père que pour dénoncer une société hostile et hypocrite qui les rejette.
Peter Schulman, Christian Oster: Flight, desappearence and the modern bachelor
Le célibataire français tel qu’il est conçu dans la littérature de l’extrême contemporain est-il comparable à celui qu’Howard Chudacoff décrit en tant qu’«éléphant à la dérive» dont le va-et-vient ressemble à celui d’«un fantôme silencieux»? Dans les romans de Christian Oster, par exemple, le célibataire est, en effet, un être quasi-fantômatique qui est souvent en train de fuir la société ou de s’en isoler, se permettant parfois de se soustraire à la vie quotidienne dite «normale». Mais que fuit-il exactement? Au XIXe siècle, de célèbres célibataires fuyaient toutes sortes de normes ou de structures qu’ils détestaient. Le célibataire d’Oster, cependant, réussit à se glisser dans des situations et des relations intéressantes de façon passive et sans trop réfléchir. En fait, Oster crée un nouveau type de célibataire littéraire capable de se définir à travers ses propres normes, souvent par hasard, mais toujours d’une manière qui le rend plus sage.
Sophie Guermès, «Une vibration aux abords du rien». La passion de Bernard Simeone
Il semble que l’œuvre de création de Bernard Simeone puise sa source dans un événement précis, que les livres successifs déclinent de façon allusive. Dans le premier récit, mais surtout dans les trois recueils de poèmes, se mettent en place les matériaux servant à recouvrir ce qui restera obscur jusqu’au dernier livre, et à le désigner, indirectement: autant d’éléments qui se révèlent des signes de la genèse de Cavatine, sur le mode du donné-soustrait. Cette genèse est donc celle d’un acheminement vers la parole, vers la levée d’un secret longtemps gardé. Il aura fallu le long détour par des mots isolés dans une syntaxe brisée et lacunaire, pour que lentement le chant affleure, que la peur de dire soit vaincue, que la prose apporte le liant, gage d’acceptation, à quoi les vers s’étaient refusés.
Bruno Tritsmans, Roblès sous le signe d’Icare: aventures maritimes et mythologies solaires
Emmanuel Roblès place volontiers son œuvre sous le signe de l’aventure maritime, corrélée à une thématique solaire. Cette étude se propose de retracer ce topos et de baliser un parcours, de La Vallée du paradis (1940) à Erica (1994). On constate alors une implosion de l’aventure maritime, qui se reporte sur des objets artisanaux ou ornementaux, souvent corrélés à la figure de la femme aimée. L’écriture roblésienne, très proche en cela du récit poétique, se constitue ainsi en mémorial de l’aventure perdue par une série de déplacements, qui sont au cœur de sa poétique.
Nadia Minerva, Origine des langues et langue des origines dans la pensée utopique (XVIIe-XVIIIe siècles)
Reflet et outil de la perfection de l’univers qui les abrite, les langues des pays d’Utopie ne sauraient se modeler sur les langues naturelles, condamnées, elles, aux imprécisions ou aux carences expressives. L’utopiste élabore pour ses habitants de l’ailleurs idéal un moyen de communication dont les traits sont, le plus souvent, la simplicité, l’harmonie, la régularité, la motivation et la transparence. La quête de la langue parfaite – topos qui a nourri l’imaginaire linguistique notamment à partir de la Renaissance – est souvent une quête de la langue des origines, langue primitive de l’humanité, régie par la vérité du code originel transmis à l’homme. Les systèmes linguistiques présentés ici, le sélénite et la langue mère évoqués par Cyrano de Bergerac respectivement dans les États et Empires de la Lune et dans les États et Empires du Soleil, ainsi que la langue matricielle de l’Icosaméron de Casanova font état de la nostalgie d’une langue originelle, langue unique et pure du paradis perdu, de l’innocence perdue, langue de la raison et des passions à la fois, capable d’exprimer et de concilier les deux natures de l’homme.
Interviews/Interviste
Ilaria Vitali, «Shéhérazade ne s’arrête jamais»: entretien avec Salim Bachi
Veronica Amadessi, Entretien avec Charif Majdalani
Francesca Torchi, «Des ciels, il peut y en avoir plusieurs, je commence à le comprendre». Entretien avec Wajdi Mouawad
Comptes rendus/Recensioni
S. Agosti, Forme del testo, Linguistica Semiologia Psicoanalisi (P. Budini)
Paris, cartographies littéraires, sous la direction de C. Pinçonnat et Ch. Liaroutzos (C. Imbroscio)
Écrire l’histoire d’une vie. Textes réunis par A. Oliver (J.-F. Plamondon)
F. Simonet-Tenant (dir.), Le propre de l’écriture de soi (J.-F. Plamondon)
C. Licari, Des fruits, des fleurs et des légumes (P. Budini)
A. Silvestri, René Kalisky, une poétique de la répétition (M. C. Gnocchi)
Il gruppo di Coppet e il viaggio. Liberalismo e conoscenza dell’Europa tra Sette e Ottocento (Atti del VII Convegno di Coppet – Firenze 6-9 marzo 2002), a cura di M. Bossi, A. Hofmann, F. Rosset (C. Pellandra)
Notes de lecture/Pubblicazioni ricevute e schede
Pubblicato con contributi dell’Università di Bologna del Dipartimento di Lingue e Letterature Straniere Moderne.
Revue de presse / Rassegna stampa