69Automne / Autunno 2015
Variations françaises sur les Mille et Une Nuits: quelles versions pour quels effets?
sous la direction de
Aboubakr Chraïbi et Ilaria Vitali
Sommaire / Indice
Aboubakr Chraïbi, Ilaria Vitali, Les Mille et Une Nuits: varations françaises
Abdelfattah Kilito, Les Nuits et le Fataliste
Jean-Paul Sermain, Galland et les Mille et Une Nuits: un mythe, un trésor, un genre, un texte
Richard van Leeuwen, Religion and oriental tales in the 18th century: the emergence of the fantastic genre
Raymonde Robert, La mise en scène du mal et des pouvoirs démoniaques dans deux récits orientaux de la fin du XVIIIe siècle: Vathek et ses épisodes (Beckford), Histoire de Maugraby (Cazotte)
Svetlana Panyuta, Les Mille et Une Nuits et la deuxième vague des contes des fées à la mode au XVIIIe siècle: le cas de l’abbé Voisenon
Dominique Jullien, Vautrin génie balzacien
Évanghélia Stead, Joseph-Charles Mardrus: les riches heures d’un livre-monument
Ilaria Vitali, « Traduire les spectacles du livre »: des Mille et Une Nuits de Joseph-Charles Mardrus à Shéhérazade des Ballets russes
Marie Mossé, Sultans mélancoliques de Pierre Loti: les Mille et Une Nuits au chevet de « l’homme malade de l’Europe »?
Anna Zoppellari, Sheherazade veuve et symboliste: les réécritures d’Henri de Régnier
Cyrille François, Un « coup de baguette magique »: le mythe de Shéhérazade par Jules Supervielle
Isabelle Bernard, Waël Rabadi, Mille et Une nuits Théatre de Bertrand Raynaud: une variations pour la scène contemporaine
Yves Ouallet, La cinquième saison. Albucius, les Mille et Une Nuits du monde romain
Isabelle Bernard, Une variation originale sur les Mille et Une Nuits: Schéhérazade (1995) de Florence Miailhe
Rachid Mendjeli, Shéhérazade dans le cinéma français. « Une belle infidèle »?
Georges A. Bertrand, Les Nuits en images
Ulrich Marzolph, Iznogoud and the Thousand and One Night
Abdelfattah Kilito, Les Nuits et le Fataliste
Je me propose de relire Jacques le fataliste de Diderot à la lumière des Mille et Une Nuits. Au-delà de la technique de l’enchâssement, j’essaierai de voir dans quelle mesure la relation entre Jacques et son maître est analogue, d’une part à celle entre Shahriar et son frère Shâh Zamân, d’autre part à celle entre Shahriar et Shéhérazade.
Jean-Paul Sermain, Galland et les Mille et Une Nuits: un mythe, un trésor, un genre, un texte
Les Mille et Une Nuits fournissent une matière narrative à l’instar des mythes. Elles sont devenues au XIXe siècle le trésor des genres narratifs disponibles en langue arabe. En Europe elles ont été traitées dès les premières traductions comme un genre disponible pour des déclinaisons nouvelles. La composition de Galland de 1704-1717 peut être considérée comme une œuvre à part entière parce que l’auteur a su exploiter dans son texte toutes les ressources de la langue de l’époque et ainsi inciter à une lecture attentive qui entre dans la formation des classiques.
Richard van Leeuwen, Religion and oriental tales in the 18th century: the emergence of the fantastic genre
Cet article vise à montrer que les origines du genre littéraire du fantastique, tel qu’il est apparu au XVIIIe siècle en France, devraient être recherchées dans l’exploration combinée des domaines discursifs de la religion, de la littérature et de l’orientalisme, les débats centraux au siècle des Lumières. Il est montré que, depuis leur publication, les Mille et Une Nuits de Galland ont joué un rôle crucial dans l’élaboration de la tendance du fantastique en littérature. Le recueil a fourni des formes littéraires jamais vues auparavant, de nouvelles images exotiques et de nouveaux exemples d’intégration d’éléments surnaturels dans des histoires réalistes, favorisant ainsi le développement des expérimentations de la relation entre la littérature et la réalité, la religion comme un thème littéraire et la notion de l’Orient comme une métaphore de l’altérité. En analysant les œuvres Les Aventures d’Abdalla de l’Abbé de Bignon (1712-1714) et La Suite des Mille et Une Nuits de Jacques Cazotte (1788-1789), en se concentrant sur les composantes religieuses/ésotériques, l’auteur soutient que les Mille et Une Nuits ont été une source vitale de l’imaginaire fantastique au sein de la littérature.
Raymonde Robert, La mise en scène du mal et des pouvoirs démoniaques dans deux récits orientaux de la fin du XVIIIe siècle: Vathek et ses épisodes (Beckford), Histoire de Maugraby (Cazotte)
Cet article compare deux textes français de type oriental : Vathek de William Beckford (1786) et Maugraby de Cazotte (1788), dont le schéma narratif est organisé autour de la description d’une entreprise de corruption menée par deux magiciens, l’un nommé le Giaour, l’autre Maugraby. Des similitudes fortes apparaissent dans l’utilisation du système des récits enchâssés, caractéristique du genre oriental issu des Mille et Une Nuits ainsi que dans certains épisodes du déroulement des deux récits. Ces convergences s’expliquent par l’évolution qui s’est produite dans les nouvelles attentes du lectorat et qui aboutit, à la fin du XVIIIe siècle, à la recherche du pathétique et au goût des larmes visibles dans les romans gothiques, la poétique des ruines et le spectacle du mal à l’œuvre dans des transgressions diverses. Les différences de personnalité entre les deux auteurs expliquent que chacun d’eux y réponde différemment, en particulier dans la conclusion des deux récits.
Svetlana Panyuta, Les Mille et Une Nuits et la deuxième vague des contes des fées à la mode au XVIIIe siècle: le cas de l’abbé Voisenon
L’article est consacré aux influences du recueil Les Mille et Une Nuits sur les contes de l’abbé Voisenon et les effets qui en résultent. La première partie de l’article est un bref exposé sur le développement du conte oriental en France. Vient ensuite l’analyse de trois contes de Voisenon – Zulmis et Zelmaïde, Le Sultan Misapouf et la Princesse Grisemine, ou les Métamorphoses et La Navette d’Amour – une analyse axée sur la façon dont sont utilisés certains motifs ou traits typiques du conte oriental « à la française » et les changements qu’ils subissent.
Dominique Jullien, Vautrin génie balzacien
La Comédie humaine, où les références aux contes arabes abondent, est pour Balzac « les Mille et Une Nuits de l’Occident ». Les références orientalisantes s’organisent dans l’œuvre selon un double réseau thématique qui prolonge le récit réaliste d’une ombre surnaturelle : elles suggèrent soit une richesse et un luxe dignes du conte, soit un fantasme de despotisme « asiatique », qui s’exerce dans le domaine social ou dans le domaine érotique. Vautrin, personnage-clef, ne fait pas exception à cette orientalisation du monde romanesque. Dans le drame de 1840 Vautrin, il est comparé par son protégé Raoul à un génie des Mille et Une Nuits. On s’interrogera ici sur l’appropriation de la figure orientale du « génie » dans l’univers balzacien, tout particulièrement dans la trilogie Vautrin : Le Père Goriot, Illusions perdues, et Splendeurs et misères des courtisanes. Vautrin comme « génie » est la manifestation d’une rencontre entre deux sens du mot français « génie » : d’une part une créature du folklore islamique incarnant dans les Nuits une sorte de deus ex machina qui propulse ou fait redémarrer l’action (ainsi dans l’« Histoire des amours de Camaralzaman », les deux génies Maimoune et Danhasch ont pour seule fonction de mettre magiquement en œuvre la rencontre initiale des héros); et d’autre part le terme issu du latin genius, désignant chez Balzac un esprit doué d’une puissance créatrice exceptionnelle. Le « génie » de Vautrin se trouve ainsi au cœur d’un réseau sémantique, philosophique et poétique exceptionnellement riche. Cette étude se propose d’examiner le génie de Vautrin à la fois dans son aspect dramatique et dans son aspect métatextuel. D’une part, comme force occulte du récit, serviteur tout-puissant du héros, foncièrement immoral, Vautrin apparaît comme le double criminel du type du prince déguisé, moteur d’intrigue lui aussi, mais en général au service de la justice et du bien. D’autre part, manipulant l’intrigue et les autres personnages à sa fantaisie, Vautrin est une figure de l’auteur, en particulier du romancier aux prises avec la nouvelle réalité industrielle et commerciale du feuilleton – lui-même très souvent comparé à la stratégie narrative de Schéhérazade – contre lequel Balzac s’insurge si violemment. En dernière instance, on explorera comment la figure de Vautrin-génie prend en charge l’ambivalence profonde du romancier face à la modernité littéraire.
Évanghélia Stead, Joseph-Charles Mardrus: les riches heures d’un livre-monument
Partant du principe qu’on ne lit pas la même œuvre selon le livre qu’on lit, cette étude revient aux seize volumes de l’édition originale du Livre des Mille Nuits et Une Nuit de Joseph-Charles Mardrus (Les Éditions de La Revue Blanche, puis Eugène Fasquelle, 1899-1904). Elle étudie ses paramètres matériels et symboliques (tempo, typographie, rapport à Burton, ouverture, colophon), ses nombreuses relations à la littérature de son temps, notamment à travers les dédicaces, et l’imaginaire qui l’établit comme un livre absolu entre deux langues. À l’aide de correspondances publiées ou inédites, l’étude attribue la « Note des éditeurs » à Charles Barbier de Meynard et indique la part de Valéry, de Gide et de Félix Fénéon dans l’ouvrage. En réunissant les dédicaces carrées, qui forment stèle, et les ronds délicats des justifications de tirage, qui reflètent tous des vers de Mallarmé, elle montre enfin comment Mardrus édifie avec ses seize volumes une « Coupole du Livre », un motif qu’il met habilement en abyme dans un des derniers récits.
Ilaria Vitali, « Traduire les spectacles du livre »: des Mille et Une Nuits de Joseph-Charles Mardrus à Shéhérazade des Ballets russes
Au début du XXe siècle, la traduction des Mille et Une Nuits de Joseph-Charles Mardrus engendre, en France, un orientalisme nouveau qui investit les champs de la création, de la littérature au théâtre, de la musique à la peinture. Au coeur de ce mouvement de contaminations transémiotiques se situe un spectacle, Shéhérazade, drame chorégraphique des Ballets russes de Serge Diaghilev, qui aura un grand retentissement dans les arts et les modes de vie de l’époque. Si elle paraît évidente aux yeux de certains, l’influence de la version des Nuits de Mardrus dans la création du ballet n’a pourtant jamais fait l’objet d’une analyse approfondie. Cet article reconstitue la genèse et les enjeux du spectacle, pour étudier ensuite la manière dont les stratégies employées par l’impresario Serge Diaghilev et par ses collaborateurs – notamment le chorégraphe Michel Fokine et le peintre Léon Bakst – entrent en résonnance avec la traduction du Docteur.
Marie Mossé, Sultans mélancoliques de Pierre Loti: les Mille et Une Nuits au chevet de « l’homme malade de l’Europe »?
De son roman Aziyadé jusqu’à son journal Suprêmes Visions d’Orient, Pierre Loti place son œuvre littéraire sous le patronage de l’Empire ottoman, dont il déplore le lent déclin et l’occidentalisation. Son écriture est alors le théâtre d’une Constantinople merveilleuse et mélancolique, qu’anime sa connaissance intime des Mille et Une Nuits d’Antoine Galland, et au cœur de laquelle trône la figure énigmatique d’un sultan saturnien aux deux visages : Abd-ul-Hamid II, despote acculé par la tutelle de l’Europe dans sa forteresse de Yeldiz, et le Loti d’Aziyadé, roi heureux et capricieux, comblé autant que désœuvré par l’amour que lui portent ses compagnons… Ces deux avatars postromantiques de Shahriar et Haroun-al-Rashid règnent sur les Mille et Une Nuits fin-de-siècle de Pierre Loti, et contribuent à placer la rêverie littéraire orientalisante au service d’un discours politique ottomanophile.
Anna Zoppellari, Sheherazade veuve et symboliste: les réécritures d’Henri de Régnier
L’article analyse le récit Le Veuvage de Scheherazade (1926, puis 1930) et le dialogue Entre elles (1930) d’Henri de Régnier. Ces deux réécritures des Mille et Une Nuits se distinguent par leur caractère à la fois traditionnel et novateur, par leur capacité à relire le mythe de la femme narratrice en le mettant en relation avec la crise du mot poétique et avec la nécessité de savoir écouter.
Cyrille François, Un « coup de baguette magique »: le mythe de Shéhérazade par Jules Supervielle
Cet article se veut un aperçu de la lecture des Mille et Une Nuits par Jules Supervielle à travers trois textes : une pièce de théâtre, un poème et un texte en prose. Plutôt que d’adapter plusieurs contes, de multiplier les clichés exotiques ou de se jouer de nombreuses références piochées ici ou là dans l’immense corpus, Supervielle accorde toute son attention au mythe littéraire de Shéhérazade à la diffusion et à la visibilité duquel il a ainsi contribué. Ce mythe lui sert de modèle à la démarche créatrice, la « réception des contes » le guide sur la voie d’une poésie tributaire de l’imaginaire fabulateur, riche de ses savoirs, libéré des clivages, de la violence, des angoisses.
Isabelle Bernard, Waël Rabadi, Mille et Une nuits Théatre de Bertrand Raynaud: une variations pour la scène contemporaine
Cet article présente un écrivain grâce auquel le texte source aux mille et une ramifications transdisciplinaires s’est récemment incarné sur la scène : Bertrand Raynaud. Né en 1971, le dramaturge, également musicien et professeur de musique au Conservatoire de Boulogne Billancourt, est l’auteur de plusieurs nouvelles et récits originaux, voire inclassables. Publiée en 2007, son étonnante variation sur Les Mille et Une Nuits, intitulée Mille et Une Nuits Théâtre, s’inscrit dans l’improbable écheveau des réécritures francophones bâties à partir des traductions de l’œuvre-mère. L’œuvre de Raynaud a la saveur et le ton inimitables des textes tout entiers dédiés au jeu avec la plasticité du langage : la musique, le rythme et la poésie y dominent. Cette étude aborde les Mille et Une Nuits Théâtre selon un plan tripartite qui dévoile d’abord son esthétique du tressage textuel et intertextuel, ensuite sa thématique centrale, le féminin, et enfin son souffle qui, venu du fond des âges, enflamme aujourd’hui les planches.
Yves Ouallet, La cinquième saison. Albucius, les Mille et Une Nuits du monde romain
Pascal Quignard affirmait de son roman Albucius (1990) : « Ce sont les Mille et Une Nuits du monde romain sous la dictature de César et au début de l’empire ». Derrière le paradoxe on peut d’abord lire la construction consciente d’une œuvre qui met en abyme dans le conte-cadre une multitude d’histoires enchâssées, et qui fabrique ainsi un temps décalé en marge de la vie diurne ordinaire : c’est la « cinquième saison ». Cette saison imaginaire est nocturne et répond à la prédation originaire, elle la mime. L’histoire nocturne répond à la prédation sexuelle qui elle-même prend la place de la chasse préhistorique. C’est la fondation même des Mille et Une Nuits qui est ainsi dévoilée : chasse, sexualité, narration – tel est le triangle mimétique que révèle l’épanchement du rêve dans le récit.
Isabelle Bernard, Une variation originale sur les Mille et Une Nuits: Schéhérazade (1995) de Florence Miailhe
Cet article présente l’œuvre d’animation que Florence Miailhe a consacré au conte-cadre des Mille et Une Nuits : Shéhérazade est un film pour adultes de seize minutes réalisé en 1995 d’après un scénario original de l’écrivaine Marie Desplechin. Cette adaptation est appréhendée de façon triaxiale : d’abord, nous montrons qu’elle est éminemment féminine et apte à redire certaines revendications féministes ; nous explicitons ensuite la technique picturale singulière de Miailhe et nous nous interrogeons enfin sur les liens entre cette variation filmique, réalisée par une romancière contemporaine d’après les traductions de Galland et Khawam, et son puissant modèle.
Rachid Mendjeli, Shéhérazade dans le cinéma français. « Une belle infidèle »?
Comment le mythe de Shéhérazade est-il représenté au cinéma ? Selon Claude Lévi-Strauss, la structure du mythe subsiste dans les différentes traductions. Ses effets se trouvent dans la structure narrative, quelle que soit la version du mythe, du fait qu’il n’existe pas de version « vraie ». Le signifiant imaginaire du mythe demeure malgré les variations qu’il subit lors du passage d’une forme à une autre. Le mythe forme une structure permanente et l’ensemble des versions et traductions appartiennent au même mythe. Ce texte se limitera à une approche des représentations du personnage de Shéhérazade qu’offre les versions de deux cinéastes français : la première, Shéhérazade (1962) du réalisateur Pierre Gaspart-Huit et la seconde, Les Mille et Une Nuits (1990) de Philippe de Broca.
Georges A. Bertrand, Les Nuits en images
La diffusion des Mille et Une Nuits a connu en France un essor considérable entre les XIXe et XXe siècles grâce, entre autres, aux éditions illustrées qui ont été proposées aux lecteurs. Les images seront de divers ordres, conséquence aussi bien des préoccupations de l’artiste que de celles d’un public plus ou moins conditionné par l’exotisme puis l’orientalisme ambiant au cours d’une période où la France construisait son empire colonial. Tout d’abord, c’est un Orient, surtout ottoman, qui attire les artistes. On privilégie des images mettant en valeur la magie, la féérie, le merveilleux. L’Orient des Mille et Une Nuits est un Orient de fantaisie. Puis, avec le début de la colonisation française en Afrique du Nord, c’est une vision plus « concrète » du monde « oriental » qui s’ouvre aux artistes français, une vision sous-tendue à la fois par des études et des recherches sur un monde autre que par une « opinion » sur celui-ci, une idéologie, qui déterminera la façon dont les artistes vont représenter les héros des contes. Enfin, avec la Première Guerre mondiale, c’est le début de nouvelles manières de regarder le monde, plus diversifiées, moins ethnocentrées, et les artistes, plus « libres » de leur création, retrouvent par là-même la liberté de ceux qui ont au cours des siècles réinventé ces fabuleuses histoires.
Ulrich Marzolph, Iznogoud and the Thousand and One Night
Outre le fait d’avoir atteint un public cible plutôt élitiste, Antoine Galland, en traduisant les Mille et Une Nuits, rejoignait aussi le champ élargi de la culture populaire. Depuis les éditions de la Grub Street de Londres, au début du XVIIIe siècle, jusqu’aux nombreux contes qui se diffusaient par voie orale dans toute l’Europe des XIXe et XXe siècles, la culture populaire s’est appropriée les Mille et Une Nuits de manière distincte et spécifique selon les pays. Si l’on considère le succès de longue durée des Nuits, il est peu surprenant de retrouver, encore au milieu du XXe siècle, de nouvelles expressions culturelles qui s’y réfèrent. Aussi le présent article explore-t-il les relations entre les Nuits et la bande dessinée Iznogoud, considérée ici comme une expression de la culture populaire française à travers laquelle différentes strates de la société ont appréhendé les Mille et Une Nuits et « l’Orient. »
Abdelfattah Kilito, The Thousand and One Nights and Jacques The Fatalist
I propose to read Jacques the fatalist by Diderot in the light of The Thousand and One Nights. Beyond the technique of embedding, I will try to see to what extent the relationship between Jacques and his master is analogous, firstly to the one between Shahriar and his brother Shâh Zamân, on the other hand then to the one between Shahriar and Scheherazade.
Jean-Paul Sermain, Galland and A Thousand and one nights: a myth, a treasure, a genre, a text.
The Arabian Nights may be considered as a modern myth, as its narrative material can be used without the knowledge of the texts. In its Arabian language, it has become in the 19th century a treasure of all kinds of storytelling. In France, since the beginning of the 18th century, it was treated as a genre and was the source of many imitations. Galland’s translation (1704-1717) can be considered as a literary text, as the author has used the language of his time in a very complex manner, so that it could benefit from a close reading proper to all classical works.
Richard van Leeuwen, Religion and oriental tales in the 18th century: the emergence of the fantastic genre
This article aims to show that the origins of the literary genre of the fantastic, as it emerged in the 18th century in France, should be sought in the combined exploration of the discursive domains of religion, literature and orientalism, the central debates in the European Enlightenment. It is argued that since Galland’s Mille et Une Nuits straddled these domains, it played a crucial role in shaping fantastic literature as a trend. It provided new literary forms, new exotic images, and new examples of the integration of supernatural elements in realistic stories, thus fostering experiments with the relation between literature and reality, religion as a literary theme, and the notion of the Orient as a metaphor for alterity. By analysing the works Les aventures d’Abdalla by Abbé de Bignon (1712-1714) and Suite des Mille et Une Nuits by Jacques Cazotte (1788-1789), focusing on the religious/esoteric components, it is argued that the Mille et Une Nuits was a vital source for the fantastic imagination within literature.
Raymonde Robert, The staging of evil and demonic powers in two oriental tales from the end of the 18th century: The episodes of Vathek (Beckford), History of Maugraby (Cazotte)
This paper aims to study and compare two French oriental tales : Vathek by William Beckford (1786) and Maugraby by Cazotte (1788) which have never been brought together, up to now. Both texts tell the story of magicians trying to corrupt men in order to give their souls to devil. They use the same narrative frame peculiar to oriental tale in 18th century. Many and noteworthy analogies are to be found between characters, field of action and deeds. As they cannot come from imitation, they must be explained by the modification of the cultural context and the change which occurred in intellectual history. Each author answers with his own ideology. It’s the reason why both tales end in a very different way. Cazotte is a Christian and draws an optimistic description of religiously educated man, while Beckford is a young and very rich English lord, whose behavior is somehow very free.
Svetlana Panyuta, The Thousand and One Nights and the second wave of fairy tales in the 18th century: the case of Abbé de Voisenon
The article focuses on the influence exerced by the tales of The Thousand and One Nights on abbé Voisenon’s tales and on the consequent effects. The first part of the article briefly summarizes the evolution of oriental tale in France. Then follows the analysis of three tales by abbé Voisenon – Zulmis et Zelmaïde, Le Sultan Misapouf et la Princesse Grisemine, ou les Métamorphoses et La Navette d’Amour. The analysis concentrates on exploring the usage of certain motives and typical features of oriental tale « à la française » and the changes triggered by the adaptation of the genre.
Dominique Jullien, Vautrin balzacian genius
For Balzac, The Human Comedy, in which references to the 1001 Nights abound, was meant to be « the 1001 Nights of the Western world ». Oriental references add a supernatural aura to Balzac’s realistic stories, following a twofold thematic network : they suggest either wealth or luxury worthy of fairy tales, or a fantasy of « Asiatic » despotism played out in the social or the erotic arena. Vautrin, a key character, is no exception to this Orientalization of Balzac’s fictional world. In the 1840 play Vautrin, he is compared by his protégé Raoul to a genie of the 1001 Nights. This article explores how the Oriental figure of the genie is appropriated by Balzac, focusing particularly on the « Vautrin trilogy », ie Le Père Goriot, Illusions perdues, and Splendeurs et misères des courtisanes. Vautrin exemplifies a meeting between two meanings of the French word génie : on the one hand, a génie is a djinn, a creature of the Islamic folklore whose role in the Nights is akin to a deus ex machina, propelling or restarting the story (for instance in the « Story of Camaralzaman », the only role of the genies Maimouna and Danhasch is to bring about the heroes’ initial meeting); on the other hand, the French term génie, derived from the Latin word genius, is used by Balzac and other Romantics to describe a mind of exceptionally creative powers. Vautrin as génie, therefore, is at the heart of an exceptionally rich semantic, philosophical and poetic network. I examine Vautrin as génie both in a dramatic sense and a metatextual sense. As an occult narrative force driving the plot, Vautrin is the all-powerful servant of the hero, radically immoral, and as such a criminal double of the character of the prince in disguise, whose powers are typically harnessed in the service of justice and the good. On the other hand, to the extent that he manipulates the plot and the other characters at whim, Vautrin is a double of the author himself, in particular the author who is grappling with the new industrial and commercial reality of serialized literature itself – often compared with Scheherazade’s narrative strategy – against which Balzac so often rebels and rants. Ultimately, the figure of Vautrin as génie, I argue, reflects Balzac’s deeply ambivalent stance toward literary modernity.
Évanghélia Stead, Joseph-Charles Mardrus : the golden hours of a memorial book
Assuming that we do not read the same work according to the book we read, this paper goes back to the sixteen volumes of the original edition of J.-C. Mardrus’ The Book of the Thousand Nights and A Night (Les Éditions de La Revue Blanche and Eugène Fasquelle, 1899-1904). The paper considers its material and symbolic features (tempo, typography, comparison to Burton, opening, colophon), its many relations to the literature of the period, particularly through the dedications, and the imaginary dimension that makes it an absolute book between two languages. Using published and unpublished correspondences, the study attributes the « Editors’ Note » to Charles Barbier de Meynard and shows Valéry’s, Gide’s and Félix Fénéon’s part in the work. By bringing together the rectangular dedications, that form pillars, and the delicate spirals of the print run marks, which all reflect verses by Mallarmé, the study finally shows how Mardrus erects with his sixteen volumes a « Dome of the Book », a motif he cleverly mirrors in one of the last stories.
Ilaria Vitali, “Translating the book’s scenes”: from The book of the Thousand Nights and One Night by Mardrus to Shéhérazade by Ballet Russes
In the early twentieth century, the translation of the Arabian Nights by J.-C. Mardrus generates in France a new Orientalism that involves the fields of art, from literature to theatre, from music to painting. At the heart of this transemiotic movement, Shéhérazade, « drame chorégraphique » of Diaghilev Ballets Russes will have many reverberations in the arts and lifestyle of the time. Even if it seems obvious to some, the impact of Mardrus translation in the creation of this ballet has not yet been subject to a rigorous analysis. This article reconstructed the genesis and challenges of the ballet and then studies in which way the techniques and strategies of Serge Diaghilev and its collaborators – including the choreographer Michel Fokine and the painter Léon Bakst – come into resonance with Mardrus translation.
Marie Mossé, Pierre Loti’s melancholy sultans: the Thousand and One Nights at the bedside of the “sick man of Europe”?
Pierre Loti’s literary work, from his novel Aziyadé to his travel diary Suprêmes Visions d’Orient, is held under the patronage of Ottoman Empire, whose slow decline and occidentalization Loti bemoans. His work is therefore the site of a marvelous and melancholic Constantinople, which is brought to life by the intimate memory of Antoine Galland’s Arabian Nights. The enigmatic figure of a two-faced saturnine sultan takes place, as the key to this city, at its center : now powerless despot Abdul Hamid II, who is locked in his Yeldiz fortress through European guardianship, and Aziyadé’s capricious Loti who sets himself up as a happy king, filled with love, but characterised by his jaded heart as well… Those two post-Romantic representations of Shahryar and Harun al-Rashid rule over Pierre Loti’s ‘fin-de-siècle’ Arabian Nights and contribute to put the orient inspired fiction at the service of a committed, ottomanophile discourse.
Anna Zoppellari, Scheherazade widow and symbolist: Henri de Régnier’s rewritings
The article analyses Henri de Régnier’s story Le Veuvage de Scheherazade (1926; 1930) and the dialogue Entre elles (1930). These two rewritings of the Thousand an One Night are worthy of critical consideration in their being traditional and innovative at the same time, in so far as the revision of the narrating woman’s myth is related with the crisis of the poetic word and the necessity of learning to listen.
Cyrille François, A “magic wand”: the myth of Scheherazade by Jules Supervielle
Based on three texts (the comedy Shéhérazade mainly), written by French writer Jules Supervielle, this paper will explain how the poet read Arabian Nights for Sheherazade’s myth : he considers the counteress as the perfect example of fantasy power. Supervielle has inherited Galland’s Mille et Une Nuits with its simplicity, French style and ideals. But, he retreats Sheherazade as a character which guides him on the way to spiritual peace, free and fresh imagination, tales science and deep poetical speech.
Isabelle Bernard, Mille et Une nuits Théatre by Bertrand Raynaud: a variation for the contemporary stage
This paper presents a writer named Bertrand Raynaud who works about Arabian Nights : Bertrand Raynaud. Born in 1971, the playwright, a musician and music teacher at the Conservatory of Boulogne-Billancourt, is also the author of several stories original, or unclassifiable. Published in 2007, his amazing variation on The Arabian Nights, entitled Arabian Nights Theatre, is part of Francophone rewrites built from translations of the work-mother. The work of Raynaud has the flavor and the tone of texts dedicated to playing with the plasticity of language: music, rhythm and poetry predominate. This study follows a tripartite plan that reveals the textual and intertextual braiding, then its central theme, the feminine, and finally his breath which comes from the depths of the ages.
Yves Ouallet, The fifth season. Albucius, The Thousand and One Nights of the Roman World
Pascal Quignard said about his novel Albucius (1990) : « This is The Thousand and One Nights of the Roman world at the time of Cesar and in the beginning of the Empire ». Behind the paradox we can see first the structure of the novel: a lot of stories are embedded in the storytelling framework of biography. But narrative time is out of diurnal life: this is « the fifth season ». This night season is the response to sexual predation, which itself takes the place of prehistoric hunting. The foundations of The Thousand and One Nights are thus revealed: hunting, sexuality, narrative – this is the mimetic triangle exposed by dream effusion into the story.
Isabelle Bernard, An original variation on The Thousand and One Nights: Schéhérazade (1995) by Florence Miailhe
This article presents the work of animation Florence Miailhe devoted to the tale Framework Arabian Nights : Scheherazade (1995) is a short-film (16 minutes) for adults based on an original script by writer Marie Desplechin. First, we show that this adaptation of the narrative framework of the Arabian Nights is eminently feminine and able to repeat some feminists claim ; then we explain the unique painting technique Miailhe and we finally wonder about the relationship between this variation film, written by a contemporary novelist from translations of Galland and Khawam and his famous model.
Rachid Mendjeli, Scheherazade in French cinema. « Une belle infidèle » ?
How is the myth of Shéhérazade represented in cinema ? According to Claude Levi-Strauss, the structure of the myth remains in the various translations. Its effects are in the narrative structure, regardless of the version of the myth, because there are not a « real » version. The meaning of myth remains despite the changes it undergoes during the transition from one form to another. The myth form a permanent structure and all versions and translations are in the same myth. This article will be confined to an approach of representations of the character of Shéhérazade offered in the versions by two French filmmakers : the first Shéhérazade (1962) by the director Pierre Gaspart-Huit and the second, The Arabian Nights (1990) by Philippe de Broca.
Georges A. Bertrand, The Thousand and One Nights in pictures
The diffusion of the Thousand and one Nights had a boom in France between the nineteenth and twentieth centuries through, among other, illustrated editions that have been proposed to readers. The pictures will be of various matters, consequence of both the artist’s concerns as those of a public more or less conditioned by the exotic and oriental ambient at a time when France was building its colonial empire. First, it is East, especially ottoman, which attracts artists. Images, showcasing the magic, the magic, the wonderful, are favored. The East of the Thousand and one Nights is a fancy East.
Then, when starts French colonization of North Africa, it is a more « concrete » world view « Oriental » which opens with French artists, a vision underpinned by both studies and research a world other than by an « opinion » on it, an ideology, that will determine the way in which artists will represent the heroes of these fairy tales. Finally, with the First World War, it was the beginning of new ways of looking at the world, more diverse, less ethnocentric, and artists, more « free » of their creation, thereby find the freedom of those who over the centuries reinvented these fabulous stories.
Ulrich Marzolph, Iznogoud and the Thousand and One Night
In addition to the elite circles that constituted Antoine Galland’s original target audience, the impact of the Mille et Une Nuits extended well into popular culture. Ranging from the early eighteenth-century London Grub Street prints to the numerous tales of the Nuits that by way of their oral retellings became « folk tales » in nineteenth- and twentieth-century Europe, the international popular audiences appropriated the Nuits in their own specific ways. Considering the longue durée of the Mille et Une Nuits in France, it is little surprising that the second half of the twentieth century witnessed a particular repercussion of the Nuits in the medium of bandes dessinées. The present essay explores the relations between the Mille et Une Nuits and the comics of Iznogoud as an expression of French popular culture by way of which different strata of society would gain substantial elements of their knowledge of both the Nuits and the « Orient ».
Abdelfattah Kilito
Professeur à la Faculté des Lettres de Rabat, Abdelfattah Kilito a publié, entre autres, L’Œil et l’aiguille (La Découverte, 1992) et Dites-moi le songe (Sindbad-Actes Sud, 2010). Abdelfattah Kilito a obtenu, en 1989, le Grand Prix du Maroc et, en 1996, le prix du Rayonnement de la langue française attribué par l’Académie française.
Jean-Paul Sermain
Jean-Paul Sermain, né en 1951, a enseigné dans les universités d’Aix-en-Provence et de Sarrebruck (où il a occupé une chaire de « littérature française dans le contexte européen »), avant de devenir professeur de littérature française du XVIIIe siècle à l’université de Paris 3 Sorbonne nouvelle en 1998. Il dirige l’équipe EA 174 « formes et idées de la Renaissance aux Lumières ». Il a été professeur invité à Pékin, à Taiwan et en Italie. Il s’intéresse à l’histoire des idées rhétoriques, à leur rapport avec la fiction (Rhétorique et roman, l’exemple de Marivaux et de Prévost, Oxford, SVEC, 1985, réédition poche (« VIF »), 1999) ; aux œuvres canoniques (Don Quichotte, Cervantès, Paris, éd. Ellipses, 1998, Les Mille et une nuits entre Orient et Occident, Paris, Desjonquères, 2009) ; à Marivaux (Le Singe de don Quichotte, Marivaux, Cervantès et le roman postcritique, Studies on Voltaire n. 369, 1999 ; Marivaux et la mise en scène, Paris, Desjonquères, 2013) ; à la formation et à l’interprétation des genres littéraires (Métafictions (1670-1730), la réflexivité dans la littérature d’imagination, Paris, Champion, 2002 ; Le Conte de fées du classicisme aux Lumières, Paris, Desjonquères, 2005 ; Le Roman jusqu’à la Révolution française, Paris, PUF, 2011).
Richard van Leeuwen
Richard van Leeuwen (Amsterdam 1955 ; PhD 1992) is lecturer in Islamic studies at the the department of Religious Studies of the University of Amsterdam. He is also a translator of Arabic literature. His publications include Notables and clergy in Mount Lebanon ; the Khâzin sheykhs and the Maronite church (Brill, Leiden, 1994) ; Waqfs and urban structures : the case of Ottoman Damascus (Brill, Leiden, 1999) ; The Arabian Nights encyclopedia, 2 vols. (with U. Marzolph, ABC-Clio, Santa Barbara, 2004) ; The Thousand and one Nights : space, travel and transformation (London, Routledge 2007) ; De vertellingen van Duizend-en-één-Nacht (translation, 14 vols., Amsterdam, Bulaaq 1991-1999).
Raymonde Robert
Professeure émérite à l’Université de Lorraine. Champs de recherche : Contes de fées XVIIe-XVIIIe siècles (Le Conte de fées littéraire en France de la fin du 17e à la fin du 18e siècle, 2e édition, Champion, 2002) ; Contes orientaux 18e siècle. Éditions critiques : Pétis de la Croix : Histoire de la sultane de Perse et des vizirs ; Abbé Bignon : Les Aventures d’Abdalla ; Cazotte : La Suite des Mille et Une Nuits.
Svetlana Panyuta
Svetlana Panyuta a soutenu une thèse sur les contes de l’abbé Voisenon à la MGU (Université d’État de Moscou Lomonossov), en Russie. Elle a aussi fait ses études au Collège universitaire français de Moscou où elle a travaillé sur les contes parodiques de ce même auteur dans son mémoire Voisenon : un conteur parodique au siècle de Voltaire. Elle est secrétaire de La Société russe d’étude du XVIIIe siècle et auteure de nombreux articles consacrés au conte littéraire français du XVIIIe siècle, en particulier à ceux de Voisenon. Elle prépare actuellement l’édition des contes de cet auteur, traduits en russe.
Dominique Jullien
Dominique Jullien est professeure de français et de littérature comparée à l’Université de Californie, Santa Barbara. Parmi ses publications récentes relatives à la réception des Mille et Une Nuits dans la littérature occidentale, on peut citer Les Amoureux de Schéhérazade: variations modernes sur les Mille et Une Nuits (Droz, 2009), ainsi que de nombreux articles sur l’intertexte des Nuits chez Proust, Nerval, Hoffmannsthal et Borges.
Évanghélia Stead
Évanghélia Stead, Professeure de Littérature Comparée à l’UVSQ et directrice du séminaire du TIGRE (Paris, ENS-Ulm), est EURIAS fellow 2014-15 au FRIAS (Freiburg Institute for Advanced Studies, Freiburg-im-Breisgau). Ses recherches interdisciplinaires, à l’aide de plusieurs langues, ont considéré des mythes, la poétique et la monstruosité fin-de-siècle, la transmission de textes importants, les études de livres et de périodiques en Europe, et la tradition littéraire de la mille et deuxième nuit. Parmi ses livres, Le Monstre, le singe et le fœtus: Tératogonie et Décadence dans l’Europe fin-de-siècle (Droz, 2004), un essai sur l’Odyssée d’Homère (Gallimard, 2007), la co-direction de L’Europe des revues, 1880-1920 : estampes, photographies, illustrations avec H. Védrine (PUPS, 2008, rééd. 2011), Seconde Odyssée : Ulysse de Tennyson à Borges (Jérôme Millon, 2009), Contes de la mille et deuxième nuit (Jérôme Millon, 2011), La Chair du livre : matérialité, imaginaire et poétique du livre fin-de-siècle (PUPS, 2012, rééd. 2013).
Ilaria Vitali
Ilaria Vitali est docteure en littérature française et comparée de l’Université Paris-Sorbonne et de l’Université de Bologne, où elle est actuellement « Assegnista di ricerca Senior ». Spécialiste de l’extrême contemporain et traductrice littéraire du français vers l’italien, elle travaille, depuis 2012, à un projet portant sur l’influence des Mille et Une Nuits en France comme phénomène de longue durée (1700-2000), dans le cadre d’une coopération scientifique entre l’université de Bologne et l’Inalco. Elle a publié des ouvrages et de nombreux articles sur les littératures migrantes, l’exotisme littéraire, la représentation de l’autre et de l’ailleurs dans les littératures de langue française, les réécritures contemporaines des textes du XVIIIe siècle. Elle a présenté les résultats de ses recherches lors de plusieurs colloques internationaux en Italie, en France, en Espagne, en Grèce, en Suisse, au Maroc, au Canada et aux États-Unis. Parmi ses publications : La nebulosa beur, 2014 ; Intrangers (dir.), 2011 ; Émigrées, expatriées, nomades (dir.), 2010 ; Arit- metica dell’emigrazione, 2003.
Marie Mossé
Marie Mossé est élève en fin de scolarité à l’École Normale Supérieure (Paris), agrégée de Lettres modernes, et actuellement chargée de cours en langue et littérature françaises à l’Université McGill (Montréal, Québec). Elle se destine à une thèse de littérature comparée sur les récits de voyage en Islande au XIXe siècle sous la direction de M. Alain Guyot, mais elle a consacré son Master à l’étude des romans et des récits de voyage orientaux de Pierre Loti sous la direction de M. Michel Murat, et continue également à travailler sur cet auteur.
Anna Zoppellari
Anna Zoppellari est professeure de Littérature française à l’Université de Trieste (Italie). Elle travaille sur les littératures maghrébines d’expression française, sur la littérature française contemporaine et sur les rapports entre la littérature et les arts iconiques. Elle a édité les actes du colloque Paul Morand letterato e viaggiatore (Prospero, n. XIII, 2006), le Dossier Jean Pélégri pour la revue Expressions maghrébines (vol. 6, n. 2, hiver 2007), le volume Genealogie d’Europa (2009). Parmi ses dernières publications, le volume Écrire le cinéma. Le ciné-roman selon Alain Robbe-Grillet (Hermann, 2012), la traduction italienne du poème Tombeau d’Ibn Arabi de Abdelwahab Meddeb (Poema di un sufi senza Dio. Sulla tomba d’Ibn Arabi, 2012), ainsi que les articles « The Painting and Writing of Gustave Guillaumet » (2014) et « Dentro il deserto: stanze, vesti e drappeggi come memoria (Abdelkébir Khatibi e Abdelwahab Meddeb) » (2015).
Cyrille François
Docteur ès lettres en littérature française et comparée (Université de Cergy-Pontoise), chercheur associé au Centre de Recherche Textes et Francophonies de l’Université de Cergy-Pontoise, Cyrille François a soutenu en 2012 une thèse sur Les Mille et Une Nuits et la littérature moderne, sous la direction de Christiane Chaulet-Achour. Sur le même sujet, il a coordonné un ouvrage en 2008, Le don de Shahrazad (Encrage éditions) et publié plusieurs articles. Parallèlement, il a écrit deux études, l’une sur L’isolé Soleil de Daniel Maximin, l’autre sur Le cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire pour la collection « Entre les lignes » chez Champion ; et de nombreux articles sur des auteurs francophones.
Isabelle Bernard
Docteure en Littérature (Paris III-Sorbonne Nouvelle), Isabelle Bernard est Professeure associée au Département de Français de l’Université de Jordanie (University of Jordan) à Amman. Elle a publié une trentaine d’articles sur le roman français contemporain (Jean Echenoz, Patrick Deville, Philippe Claudel, Éric Chevillard, Jean-Philippe Toussaint, Thomas B. Reverdy, Emmanuel Adely). Elle a également fait paraître des articles en didactique de la littérature, notamment sur l’apport du théâtre dans la classe de FLE, grâce à des expériences menées avec ses étudiants. Elle a co-organisé deux des quatre colloques réalisés en Jordanie dans le domaine de la francophonie : « La réception mondiale et interdisciplinaire des Mille et Une Nuit » (2001) et « La réception transdisciplinaire d’Albert Camus » (2013).
Yves Ouallet
Enseigne la Littérature comparée etla Littérature française du XXe siècle à l’Université du Havre. A d’abord réfléchi sur le temps en littérature. S’intéresse depuis toujours aux rapports que l’espace littéraire entretient avec la philosophie, la musique, la peinture. S’interroge plus particulièrement en ce moment sur les enjeux anthropologiques et éthiques de l’écriture. Dernières conjectures : l’identité poétique, le désoubli, la pensée errante, le corps poétique. Bibliographie sommaire : (Temps et fiction, Etude sur la figuration du temps en littérature, Presses Universitaires du Septentrion, 2001, p. 803; Raymond Queneau, le mystère des origines (dir. Yves Ouallet, Avant-propos et article liminaire : « Le lieu de l’origine, hommage à Raymond Queneau »), Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2005, p. 214; Autoportrait et altérité (S. Lascaux, Y. Ouallet dir.), Publications des Universités de Rouen et du Havre, 2014, p. 270.
Rachid Mendjeli
Docteur en science politique, anthropologue et artiste, Rachid Mendjeli enseigne l’anthropologie et la sociologie politique au laboratoire Éthique, politique et santé à l’université Paris Descartes.
Georges A. Bertrand
Historien d’art et photographe, Georges A. Bertrand est l’auteur d’une thèse en Sorbonne sur les orientalismes du poète calligraphe belge Christian Dotremont et est spécialiste des passages entre les différentes cultures de l’Eurasie. Après avoir longtemps travaillé sur les influences esthétiques musulmanes dans l’Europe chrétienne, il s’intéresse désormais aux influences esthétiques extrême-orientales sur l’art occidental de la fin du Moyen-Âge au début de la Renaissance. Il est l’auteur, entre autres, d’un dictionnaire des mots français venant de l’arabe, du turc et du persan ainsi que de TRACES, mémoires musulmanes en cœur de France, ouvrage consacré aux traces esthétiques musulmanes dans les églises de France.
Ulrich Marzolph
Ulrich Marzolph is a professor of Islamic Studies at the Georg-August-University in Göttingen, Germany, and until the end of 2015 has served as a senior member of the editorial committee of the « Enzyklopädie des Märchens », a comprehensive handbook of historical and comparative folk narrative research prepared at the Academy of the Humanities and Sciences at Göttingen. As of 2016, he conducts a research project studying the impact of « Oriental » narratives on Western tradition. His numerous publications specialize in the Narrative Culture of the Near East, with particular emphasis on Arab and Persian folk narrative and popular literature, and including a considerable number of publications on The Thousand and One Nights.
Pubblicato con contributi del Dipartimento di Lingue, Letterature e Culture Moderne dell’Università di Bologna, dell’Institut des Langues et Civilisations Orientales (Inalco), dell’Università Italo-francese (UIF/UFI) e dell’Institut Français Italia.
ISBN 978 88 222 6444 2