80 Printemps/Primavera 2021
Jean-Claude Charles, 1949-2008
La « voix fêlée, comme une hirondelle blessée »
sous la direction de
Yves Chemla et Alba Pessini
Sommaire / Indice
Yves Chemla, Alba Pessini, Introduction
Rodney Saint-Éloi, Négocier
Yolaine Parisot, « La fiction du premier sourire assassin » ou l’actualité de l’enracinerrance comme politique de la littérature
Florian Alix, Lyrisme ironique et dérade dans les essais de Jean-Claude Charles
Yves Chemla, Corps noir, considérations lumineuses, opacités culturelles
Alessia Vignoli, Je suis où j’écris : le parcours d’écriture de Jean-Claude Charles
Dieulermesson Petit Frère, Jean-Claude Charles entre l’ici et l’ailleurs. Habiter et vivre le monde dans Manhattan Blues et Ferdinand, je suis à Paris
Stève Puig, « New York, deuxième ville haïtienne du monde » : représentations de New York dans l’œuvre de Jean-Claude Charles
Eliana Văgălău, Manhattan Blues : roman, partition ou scénario ?
Jasmine Claude-Narcisse, Bamboola Bamboche : un roman de Jean-Claude Charles «et des autres»
Alba Pessini, Jean-Claude Charles et l’esthétique du carnet
Yolaine Parisot, « La fiction du premier sourire assassin » ou l’actualité de l’enracinerrance comme politique de la littérature
L’article se propose de montrer comment Jean-Claude Charles concilie documentaire, « roman de non-fiction », récit de voyage et fiction d’auteur et fonde une poétique de la fiction capable de prendre en charge les enjeux politiques du monde contemporain. Cette poétique est caractérisée par un partage démocratique de l’autorité et une éthique translationnelle. Elle anticipe ainsi largement la politique de la « littérature-monde ».
Florian Alix, Lyrisme ironique et dérade dans les essais de Jean-Claude Charles
Cet article analyse les formes de lyrisme dans les deux essais majeurs de Jean-Claude Charles, Le Corps noir et De si jolies petites plages. La manière réflexive de l’essai amène l’auteur à une forme ironique de lyrisme qui devient une manière de questionner le langage lui-même. Enfin, le lyrisme est lié à une approche éthique de l’écriture qui met en évidence une multiplicité d’individus singuliers contre l’unité des groupes.
Yves Chemla, Corps noir, considérations lumineuses, opacités culturelles
L’essai de Jean-Claude Charles, Le Corps noir s’annonce dès le titre comme une énigme. Cette expression est au mieux une désignation sans objet, celle d’un corps opaque que les mots parviennent à peine à caractériser, au pire un terme générique qui se voudrait un paravent fragile aux formes les plus exacerbées du préjugé. Dans une écriture qui choisit le pas de côté et le décalage par rapport à l’argumentation courante, Jean-Claude Charles met en évidence les constructions langagières et imagées par lesquelles est reconduit l’imaginaire raciste dans le contexte occidental. Il semble également qu’il propose dans le texte des éléments culturels dont l’interprétation s’avère complexe, vraisemblablement pour amener ses lecteurs à poursuivre en eux les questionnements qu’il laisse ouverts. Cependant, on relève que le point aveugle d’où proviennent ces interrogations demeure l’espace haïtien ancré dans la mémoire : celui de l’enfance.
Alessia Vignoli, Je suis où j’écris : le parcours d’écriture de Jean-Claude Charles
Jean-Claude Charles a créé et élaboré dans son œuvre le concept d’« enracinerrance » pour exprimer la recherche constante d’un équilibre entre ses origines haïtiennes et sa vocation à l’errance. Cet article montre les résultats de l’analyse du paradigme du déplacement dans Manhattan Blues (1985) et Ferdinand, je suis à Paris (1987), cycle romanesque inachevé où l’auteur raconte les aventures de Ferdinand, son alter ego fictionnel. Les axes thématiques qui structurent notre analyse sont l’évocation d’Haïti, la question identitaire et la représentation de l’espace. Nous verrons que le sujet textuel/auteur, toujours en mouvement, se sent à l’aise dans des lieux qui n’ont pas d’identité fixe, définie. Il se déplace sans cesse, accompagné d’un sentiment de déracinement par rapport à sa terre natale et d’une volonté d’enracinement dans les lieux de l’errance qui amènent l’auteur et son personnage à une recherche parfois impossible à accomplir.
Dieulermesson Petit Frère, Jean-Claude Charles entre l’ici et l’ailleurs. Habiter et vivre le monde dans Manhattan Blues et Ferdinand, je suis à Paris
Écrire, affirme Blanchot dans L’Espace littéraire, c’est se livrer à la fascination de l’absence du temps. Comme si l’écrivain en s’effaçant devant ou en se projetant dans le temps inscrivait l’œuvre dans un espace autre que celui dans lequel elle est produite ou dans lequel le héros se retrouve à s’identifier. En même temps qu’il existe un temps du récit – qu’il soit perçu comme histoire ou comme discours dans la perspective de Todorov – il existe aussi et à la fois un espace qui fait corps avec l’œuvre, l’espace du texte et un autre qui (dé)limite le champ d’action du héros et/ou des personnages. Dans l’univers romanesque de Jean-Claude Charles, l’espace, non loin de renvoyer à l’idée d’enfermement ou d’immobilisme, est plutôt sujet au mouvement, à l’éclatement, il n’a ni commencement ni fin. L’idée de ce texte est d’essayer de comprendre le rôle et la portée de l’espace dans deux de ses romans : Manhattan Blues (1985) et Ferdinand, je suis à Paris (1987).
Stève Puig, « New York, deuxième ville haïtienne du monde » : représentations de New York dans l’œuvre de Jean-Claude Charles
New York est une des villes qui existent dans l’imaginaire de ses visiteurs avant même qu’ils n’en foulent le sol. Depuis la vision quasi-anthropologique de Paul Morand dans New York (1929) et celle de Louis-Ferdinand Céline d’un New York phallique dans Voyage au bout de la nuit (1932), bon nombre d’écrivains français ont tenté de dresser un portrait de la ville. Les mythes qui alimentent l’imaginaire des Français ne sont pas forcément opérationnels chez les écrivains haïtiens pour qui New York est une ville plus familière puisqu’elle est le lieu de résidence d’une grande partie de la diaspora haïtienne. Chez l’écrivain Jean-Claude Charles par exemple, la mégalopole est présentée comme un épicentre de l’immigration haïtienne aux États-Unis, tant et si bien que Charles fait de New York « la deuxième ville haïtienne du monde ». Cet article vise donc à analyser les représentations de la ville de New York aussi bien dans son célèbre Manhattan Blues (1984) que dans le recueil de textes le plus récemment paru intitulé Baskets (2018). Il s’agira entre autres de voir comment Charles expose certains phénomènes comme celui de la « gentrification » de New York, mais aussi la question du racisme dans la ville, (et par extension aux États-Unis).
Eliana Văgălău, Manhattan Blues : roman, partition ou scénario ?
Manhattan Blues s’apprête à défaire des structures préexistantes à plusieurs niveaux : philosophique, en proposant l’enracinerrance en tant que façon d’aborder le monde ; linguistique, à travers la confusion des langues et des registres linguistiques ; et littéraire, à travers la désagrégation des frontières de genre et des glissements récurrents de la voix narrative entre autres. Mais Charles nous force à repenser la question du genre de deux manières particulièrement novatrices : par la musicalisation du récit et par l’adaptation des techniques filmiques à l’écriture. Après que la façon dont le roman peut être lu comme une partition à récemment été le sujet d’une étude détaillée, cet article se penche sur la manière dont le regard cinématographique de la Nouvelle Vague est également incorporé dans la construction du roman et propose que le roman de Charles se prête à une lecture en tant que révision de Pierrot le Fou de Jean-Luc Godard.
Jasmine Claude-Narcisse, Bamboola Bamboche : un roman de Jean-Claude Charles «et des autres»
Cet article explore le rôle déterminant joué par l’auto-référentialité dans la construction narrative de Bamboola Bamboche de Jean-Claude Charles. Rares sont les critiques qui suivent Jonassaint quand il indique une composante autofictionnelle dans l’écriture de Charles. Les rares mentions de ce trait, comme pour De si jolies petites plages par exemple, sont parfois portées à charge contre lui. Pourtant Charles lui-même avoue utiliser le matériau de sa vie pour écrire et cette présence auctoriale dans sa production, tant d’essais que de textes de fiction, se fait évidente au niveau thématique et factuel sur son statut de citoyen et d’écrivain en rupture, ou son enracinerrance. Ainsi donc traiter pour elle-même la prégnance de cette auto-référentialité sur l’œuvre de Charles se révèle une entreprise pressante. Il convient alors d’établir dans le cas de Bamboola Bamboche le régime narratif imposé par cette auto-référentialité. Distorsion de temporalité, simultanéisation de voix, multiplication d’espaces narratifs et discursifs, se révèlent alors autant d’avenues aménagées par Charles pour mener une narration de soi dans ses multiples vies concurrentes.
Alba Pessini, Jean-Claude Charles et l’esthétique du carnet
Baskets, le texte posthume de Jean Claude Charles publié par l’éditeur montréalais Mémoire d’encrier en 2018 est à l’origine de la découverte des carnets de l’écrivain qu’il avait l’habitude de rédiger entre autres lors de ses voyages. L’article se penche sur l’ensemble de ces textes manuscrits avec l’objectif d’en dresser un descriptif et aborde le carnet dans sa matérialité, sa forme et sa fonction en essayant de l’insérer dans le domaine plus vaste des études qui encore aujourd’hui s’interrogent sur ce support et les différentes places qu’il occupe chez les écrivains. Il s’agit aussi de fournir quelques exemples sur la pratique du carnet de la part de Charles, les informations qu’il privilégie, les enquêtes qu’il mène, les réflexions qui en découlent pour souligner l’importance de cette activité dans l’ensemble de sa production et pour éventuellement sensibiliser de futurs chercheurs à s’atteler à un matériel conséquent mais des plus stimulants.
Yolaine Parisot,« The fiction of the first murderous smile », or the relevance of Jean-Claude Charles’ Enracinerrance as politics of literature
This paper aims at showing how Jean-Claude Charles brings together documentary, non-fiction novel, travel writing and author’s fiction in order to found a poetics of fiction that would be suitable for dealing with the political stakes of the contemporary world. This poetics is characterized by a democratic sharing of authority and a translational ethic. It thus largely prefigures the politics of so-called « littérature-monde ».
Florian Alix, Ironical lyricism and drifting in Jean-Claude Charles’ essays
This article analyses forms of lyricism in Jean-Claude Charles’s two major essays, Le Corps noir and De si jolies petites plages. The reflexive way of the essay brings the author to an ironic form of lyricism which becomes a manner to question the language itself. Finally lyricism is linked to an ethical approach of wrtiting which highlights a multiplicity of singular individuals against the groups’ unity.
Yves Chemla, Black body, brillant considerations, cultural opacities
The title of Jean-Claude Charles’s essay, Le Corps noir, looks like an enigma. On the one hand, he designates an object that the explanation fails to take charge ; on the other, he seems only a fragile screen against racist prejudices. In a writing which chooses the step aside and the shift from the current argumentation, Jean-Claude Charles highlights the different linguistic and pictorial forms and constructions by which the racist imagination is carried back into the Western context. Finally, it seems that he offers cultural elements in the text whose interpretation is complex, presumably to lead his readers to pursue by themselves the questions he leaves open. However, we note that the blind spot from which these questions originate remains the Haitian space anchored in memory : that of childhood.
Alessia Vignoli, I am where I write : the writing journey of Jean-Claude Charles
Jean-Claude Charles created and developed in his work the concept of « enracinerrance » to express the constant search for a balance between his Haitian origins and his relentless wandering. This essay shows the results of the analysis of the main character’s wandering in the novels Manhattan Blues (1985) and Ferdinand, je suis à Paris (1987). In this unfinished cycle, Charles tells the adventures of Ferdinand, his fictional counterpart. Our analysis is based on three thematic axes : the presence of Haiti, the notion of identity and the representation of space. We will see that the writer and the main character, always on the move, feel comfortable in places that do not conform to a fixed, defined identity. They both are constantly moving, accompanied by a feeling of detachment from their native land and a desire to take root in different places. This contrast leads them to a search that seems impossible to accomplish.
Dieulermesson Petit Frère, Jean-Claude Charles : straddling between out here and elsewhere : living and appropriating the world in Manhattan Blues and Ferdinand, je suis à Paris
In L’Espace littéraire, Blanchot asserts that to write is to indulge in the fascination of the absence of time. It is as if the writer, by fading or by projecting himself into time, was inscribing his work in a diffrent space than that in which it is produced or in which the hero considers as his own. As there is a time of the narrative – whether it is perceived as a story or as a discourse in Todorov’s perspective – there is also a space that makes one with the work : the space of the text, and another that (de)limits the field of action of the hero and/or the characters. In Jean-Claude Charles’ novelistic universe, space, far from referring to the idea of confinement or immobility, is rather subject to movement, to rupture or fragmentation, it has neither beginning nor end. The idea of this paper is to try to understand the role and scope of space in two of Charles’ novels : Manhattan Blues (1985) and Ferdinand, je suis à Paris (1987).
Stève Puig, « New York, second Haitian city in the world » : representations of New York in the works of Jean-Claude Charles
New York is one of the few cities which exist in the mind of its visitors before they even set foot in the city. Since the quasi-anthropological vision of Paul Morand in New York (1929) and Céline’s images of a phallic New York in Journey to the End of the Night (1932), many French writers have dedicated their novels to the Big Apple. The myths that nourish the mind of these writers do not necessarily operate the same way for Haitian writers for whom New York is a more familiar city, as it is the home of a large Haitian diaspora. In Jean-Claude Charles’ work for instance, the megalopolis is presented as the epicenter of Haitian immigration to the United States, to the point that Charles describes it as « the second Haitian city in the world ». In this article, I aim to analyze the representations of the city in Manhattan Blues (1984) as well as in Baskets (2018), and in particular the way Charles anticipate phenomena such as the gentrification of the city as well as other issues such as racism in New York, and by extension in the United States.
Eliana Văgălău, Manhattan Blues : novel, jazz score, or screenplay ?
Manhattan Blues works against fixed structures on many levels : philosophical, through the deployment of an enracinerrant way of being in the world ; linguistic, through the confusion of languages and registers; and literary, through the systematic breaking down of genres, and incessant shifts in narrative voice among other techniques. But Charles pushes beyond the question of genre in two particularly innovative ways : through the musicalisation of writing and through the adoption of screenwriting techniques. While the way in which the novel can be read as a musical score has been the topic of another detailed recent study, this article focuses on Charles’ means of incorporating the cinematic gaze of the French New Wave into his narrative, and proposes that, when read alongside Jean-Luc Godard’s Pierrot le Fou, the novel becomes a revision of the former, two decades after the film.
Jasmine Claude-Narcisse, Bamboola Bamboche : a fiction of Jean-Claude Charles « and the others »
This article explores the decisive role of self-referentiality in the narrative project of Jean-Claude Charles’s Bamboola Bamboche. Very few critics followed Jonassaint’s track indicating the importance of this autofictional trait in Charles’ writing and when it is mentioned, as in the case of De si jolies petites plages for example, it is often against him and to lament its pervasiveness and its inappropriateness. Nevertheless, Charles himself acknowledges that he uses his life as material for his writing and it is indeed obvious, whether in his essays or his fictional texts, in random and unexpected interjections about his exile and his enracinnerance, or his more intimate child memory of kites. Thus the pressing need to identify in Charles texts these various instances where his self is embedded in the creative process and understand how it informs his writing. In the particular case of Bamboola Bamboche, distorted temporality, multiplicity of narrative voices and spaces, diversion of traditional narrative functions count amongst the multiple avenues Charles crosses to achieve his undertaking of his self-fictionalisation.
Alba Pessini, Jean-Claude Charles and the aesthetics of the notebook
Baskets, the posthumous text by Jean Claude Charles published in 2018 by the Montreal publisher Mémoire d´encrier is at the origin of the discovery of the writer’s notebooks that he used to write, during his travels. The article examines all of his handwritten texts with the objective of drawing up a description of them and approaches the notebook in its materiality, form and function by trying to insert it into the larger field of studies that still today wonder about this medium and the different places it occupies among writers. This essay provides a few examples of the practice of the notebook, the information Charles privileges, the investigations he conducts, the reflections that result to underline the importance of this activity in all of his production and to possibly sensitize future researchers to look at substantial but most stimulating material.
Yolaine Parisot
Ancienne Présidente du Conseil International d’Études Francophones, Yolaine Parisot est professeure de littératures francophones et comparées, chercheure au laboratoire « Lettres, Idées, Savoirs »-UR 4395 et co-responsable de l’axe stratégique « Francophonies et Plurilinguismes » à l’Université Paris-Est Créteil. Elle est également la responsable scientifique de l’École Universitaire de Recherche du Grand Paris FRAPP « Francophonies et Plurilinguismes : Politique des langues ». Spécialiste des littératures francophones et anglophones postcoloniales et des littératures issues des sociétés post-esclavagistes (en particulier Haïti et les Amériques), elle entend contribuer à une histoire littéraire décentrée en connexion avec les autres arts. Ses publications récentes comptent l’essai Regards littéraires haïtiens. Cristallisations de la fiction-monde (Classiques Garnier, 2018) et des ouvrages collectifs comme Pour un récit transnational. La fiction au défi de l’histoire immédiate (2015, codirigé avec C. Pluvinet), Dany Laferrière (Interculturel Francophonies, 2016), Discours artistiques du contemporain au prisme de l’océan Indien (TrOPICS, 2017, codirigé avec V. Magdelaine-Andrianjafitrimo et G. Armand) et Pouvoir de la littérature. De l’energeia à l’empowerment (2019, codirigé avec E. Bouju et C. Pluvinet). Son prochain essai, La fiction peut-elle être (encore) postcoloniale ?, paraîtra aux éditions Classiques Garnier.
Florian Alix
Florian Alix est maître de conférences à la Faculté des Lettres de Sorbonne-Université, rattaché au CIEF/CELLF. Il est l’auteur d’une thèse sur l’essai postcolonial et travaille plus largement sur les relations entre littérature et savoir au Maghreb, en Afrique subsaharienne et aux Antilles. Il s’intéresse également au conte littéraire dans ces espaces et aux études de genre. Il a codirigé les ouvrages Postcolonial Studies : modes d’emploi (au sein du collectif « Write back », Presses Universitaires de Lyon, 2013) et Penser le roman francophone contemporain (avec Lise Gauvin et Romuald Fonkoua, Presses de l’Université de Montréal, 2020).
Yves Chemla
Yves Chemla enseigne les techniques d’expression à l’Université de Paris. Ses recherches touchent au traitement de la présence de l’altérité dans les écritures haïtiennes. Après La Question de l’autre dans le roman haïtien (Ibis Rouge, 2003), il a publié de nombreux articles consacrés à des publications d’écrivains francophones de la Caraïbe, du Maghreb et du Machrek. Littérature haïtienne 1980-2015 (C3 éditions) dresse un panorama de la littérature récente d’Haïti. Ses recherches actuelles concernent plus spécifiquement l’écrivain Jacques Roumain. En 2018, il a accompagné Léon-François Hoffmann pour la seconde édition des Œuvres complètes de l’auteur de Gouverneurs de la rosée (CNRS Éditions).
Alessia Vignoli
Alessia Vignoli est docteure en Littératures francophones des Amériques à l’Université de Varsovie. Son principal domaine de recherche est l’écriture des catastrophes naturelles dans les pays caribéens d’expression française, en particulier dans la littérature haïtienne contemporaine. Elle bénéficie d’une subvention de recherche accordée par le Centre National des Sciences de Pologne (Narodowe Centrum Nauki). Dernières publications parues : « Écrire face à la “faille diasporique” : Haïti kenbe là ! (2010) de Rodney Saint-Éloi » (Écho des études romanes, XVI, n. 2, 2020) ; « La représentation de la catastrophe naturelle chez Laurent Gaudé : une “délocalisation” engagée ? » (dans La Délocalisation du roman : esthétiques néo-exotiques et redéfinition des espaces contemporains, Peter Lang, 2020) ; « Les catastrophes naturelles dans les romans caribéens d’expression française » (Il Tolomeo, n. 22, 2020).
Dieulermesson Petit Frère
Dieulermesson Petit Frère est doctorant en Langue et Littérature françaises à l’École doctorale Cultures et Sociétés rattachée au laboratoire Lettres, Idées, Savoirs (LIS – UR 4395) de l’Université Paris Est-Créteil sous la direction de Yolaine Parisot. Ancien élève de l’École Normale Supérieure de Port-au-Prince, il détient un Master 2 en Lettres de l’Université Clermont Auvergne et une maîtrise en Lettres, Langues et Communication de l’Université des Antilles et de la Guyane. Éditeur et critique littéraire, il collabore à la revue Delos (revue de traduction de l’Université de Floride) et à la revue Legs et Littérature où il a publié nombre d’articles sur la littérature haïtienne. Professeur à l’Institut français en Haïti et à l’Université de Port-au-Prince, il est l’auteur de l’essai Haïti : littérature et décadence. Études sur la poésie de 1804 à 2010 (Legs, 2017). Ses axes de recherche sont : l’érotisme, le corps, l’identité, la migration et la littérature haïtienne.
Stève Puig
Stève Puig est professeur de littérature française et francophone à l’université St John’s à New York où il enseigne la littérature de la Caraïbe francophone ainsi que les cultures urbaines en France. Titulaire d’un doctorat de la City University of New York, il a été l’élève d’Édouard Glissant et a publié de nombreux articles sur Maryse Condé, Louis-Philippe Dalembert, et Jean-Claude Charles entre autres. Il est également l’auteur de Littérature urbaine et mémoire postcoloniale (L’Harmattan, 2019) ainsi que de divers articles sur le lien entre études postcoloniales et rap français. Il s’intéresse également aux représentations de la ville de New York dans la littérature contemporaine.
Eliana Văgălău
Eliana Văgălău est professeure assistante de français à l’Université Loyola Chicago. Ses recherches portent sur la littérature francophone des Caraïbes, la relation entre l’esthétique et la politique, ainsi que les questions de race et de diaspora. Elle a publié des articles et présenté des conférences sur l’œuvre d’écrivains et de philosophes tels que Dany Laferrière, Maryse Condé, James Noël et Édouard Glissant. Elle termine actuellement son manuscrit intitulé Nomadic Memory in the Contemporary Francophone Caribbean Novel et coédite un volume consacré à l’œuvre de Jean-Claude Charles, à paraître chez Liverpool University Press en 2021. Elle est co-fondatrice du Collectif Jean-Claude Charles, qui vise à promouvoir et rendre visible l’écriture de cet auteur haïtien fondamental à travers des publications, des conférences et des performances.
Jasmine Claude-Narcisse
Jasmine Claude-Narcisse s’intéresse à la rhétorique du Soi et à l’autobiographie dans la littérature francophone caribéenne et aux linéaments de la littérature francophone. Parmi ses publications, Mémoire de Femmes (Unicef-Haïti 1997) retraçant des portraits de femmes haïtiennes marquantes. En tant que présidente du Haitian Book Centre, elle a organisé la Journée du livre haïtien de 2001 à 2012. En titre d’assistante de direction puis membre permanent du Conseil d’Administration de l’Institut français Henri Peyre, elle initie et dirige un programme continu sur Haïti incluant entre autres la série multi-culturelle Haïti-Rencontres en 2012 et un séminaire de trois ans culminant sur un colloque international de trois jours en mars 2016 sur le thème brûlant Impunité, Responsabilité et Citoyenneté en Haïti. Elle a enseigné le français, le créole et la littérature française et francophone dans différentes campus du CUNY de 2004 à 2016 avant de se tourner vers l’enseignement au secondaire. Elle s’est activement impliquée depuis deux ans avec le collectif Jean-Claude Charles travaillant à travers des conférences, séminaires et publications critiques divers à la propagation de son importante œuvre.
Alba Pessini
Alba Pessini est professeure associée à l’Université de Parme (Italie) où elle enseigne la langue et la littérature françaises. Elle a obtenu son doctorat en Littérature comparée à l’Université Sorbonne IV en cotutelle avec l’Université de Bologne. Ses recherches se concentrent sur la littérature contemporaine française et francophone, en particulier les œuvres écrites en français par des auteurs caribéens (Antilles, Haïti). Elle s’est occupée dans sa thèse des écrivains de la diaspora haïtienne en s’intéressant à des thématiques comme l’exil, la migration et le retour au pays natal (Regards d’exil, trois générations d’écrivains haïtiens, Presses Académiques Francophones, 2012). Ses intérêts touchent aussi la littérature féminine (Nathalie Sarraute, Irène Némirovsky, Yanick Lahens, Évelyne Trouillot) et la thématique de la nourriture dans les littératures postcoloniales (M. Canepari, A. Pessini (dir.), Food in Postcolonial and Migrant Literatures/ La Nourriture dans les littératures postcoloniales et migrantes, Peter Lang, 2011). Elle a coordonné en 2018 la publication chez Mémoire d’encrier de Baskets, les récits de voyage posthumes de Jean-Claude Charles.
Comptes rendus/Recensioni
Y. Parisot, Regards littéraires haïtiens. Cristallisations de la fiction-monde (E. Cacchioli)
K. Bénac-Giroux (dir.), Poétique et Politique de l’altérité. Colonialisme, esclavagisme, exotisme (XVIIIe-XXIe siècles) (C. Biondi)
I. S. Escobar (dir.), Insularités/Archipels (S. Aggazio)
H. Taine, Essais de critique et d’histoire, vol. I (M. Bertini)
Notes de lecture/Schede
Pubblicato con un contributo del Dipartimento di Lingue, Letterature e Culture Moderne dell’Università di Bologna.
ISBN 978 88 222 67870
Revue de presse/ Rassegna stampa
Stéphane Saintil dans Studi francesi, n. 196, gennaio aprile 2022