39Automne / Autunno 2000
Le trébuchet des mots
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Sommaire / Indice
Adriano Marchetti, Jean Paulhan et les «hain-teny» ou les incertitudes de la poésie
Loredana Bolzan, Senza fissa dimora. «La Maison du joueur de flûte» di Alexandre Vialatte
Marianna Tagliani, Un particolare «cogito ergo sum»: eredità della filosofia cartesiana nella « Néologie » di Louis-Sébastien Mercier
Michel Brix, Balzac: amour et jeux de masques
Gilles Dupuis, Schizo-analyse des «Conquérants» de José-Maria de Heredia
Adriano Marchetti, Jean Paulhan et les « hain-teny » ou les incertitudes de la poésie
Les « hain-teny » sont des phrases proverbiales malgaches, des poèmes de dispute utilisés dans les discussions au cours desquelles on règle des conflits. C’est chez les Hovas, les habitants « doux et silencieux » d’Emyrne, que Jean Paulhan découvre ces mœurs langagières. Le futur directeur de la N.R.F. s’est attaché à ce peuple à qui il consacre un recueil, Les Hain-Teny mérinas, poésies populaires malgaches et une étude ethnologique, Le Repas et l’Amour chez les Mérinas. A travers l’analyse de ces deux ouvrages et d’autres écrits paulhaniens, cette étude se propose de montrer le rôle décisif qu’a joué cette rencontre avec les mœurs et la langue d’une population presque inconnue dans l’évolution de l’œuvre poétique et critique de Jean Paulhan.
Loredana Bolzan, Senza fissa dimora. La Maison du joueur de flûte di Alexandre Vialatte
Récit étrange d’un auteur méconnu, La Maison du joueur de flûte d’Alexandre Vialatte explore dans les formes du fantastique la condition d’un personnage dépossédé de son identité en tant que propriétaire/locataire de sa maison. Dans l’entre-deux où il est obligé de vivre (de stationner), il interroge les catégories symboliques qui concernent non seulement le domaine existentiel, comme celles d’appartenance/étrangeté, mais aussi l’inefficacité d’une connaissance qui a cessé d’être garantie par l’objectivation de la vue, ce qui confirme l’échec de la tentative de photographier ses locataires dont la mobilité et la bizarrerie sont dominées par la pulsion de mort. L’alternative musicale envisagée, grâce à l’ensorcellement procuré par la flûte, suggère qu’un pouvoir plus efficace et plus poétique pourrait l’emporter sur l’anarchie.
Marianna Tagliani, Un particolare «cogito ergo sum»: eredità della filosofia cartesiana nella Néologie di Louis-Sébastien Mercier
Convaincu que l’écriture était action immédiate dans la société, Louis-Sébastien Mercier dans la Néologie, écrite à la fin du XVIIIe siècle, rédige un dictionnaire polémiquequi se place au cœur des événements révolutionnaires. Il attribue à la néologie un pouvoir démiurgique et épiphanique parce que tout mot nouveau, à son avis, est le créateur d’une réalité nouvelle : ce ne sera que grâce à une catharsis linguistique qu’on pourra rendre possible une profonde transformation sociale. Dans cet article, on a cherché à analyser les idées philosophiques de Mercier qui apparaissent dans son œuvre, en développant l’hypothèse de la permanence, dans la Néologie même, de postulats cartésiens à fonction anti-sensualiste et anti-matérialiste.
Michel Brix, Balzac: amour et jeux de masques
Cet article propose une étude de l’érotique balzacienne selon deux éclairages différents : celui de l’œuvre, d’abord, puis celui de la correspondance. La présentation de l’amour dans des romans comme Le Lys dans la vallée ou Louis Lambert s’apparente à une dénonciation des méfaits liés à l’exaltation des sentiments platonisants. Cette analyse ne serait pas complète, cependant, si on laissait dans l’ombre les témoignages très nombreux que l’on conserve sur les relations de l’auteur avec les femmes de son temps. Il est patent que vis-à-vis de toutes ces femmes, qui voyaient en lui le prophète de l’amour idéal, Balzac a non seulement laissé dire, mais par surcroît qu’il est entré dans le jeu du mysticisme. D’où le constat que l’auteur a tenu un double langage, selon qu’il s’exprimait dans des lettres strictement privées ou dans des romans destinés à la publicité.
Gilles Dupuis, Schizo-analyse des Conquérants de José-Maria de Heredia
Cet essai se veut une tentative de relire Les Conquérants de José-Maria de Heredia, à la lumière des concepts analytiques et descriptifs mis au point par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans leur important ouvrage philosophique Mille plateaux. Il en résulte que la dynamique conceptuelle élaborée par Deleuze et Guattari sous le nom de « Schizo-analyse » est perçue comme étant déjà à l’œuvre dans le sonnet parnassien de Heredia, quoi que de manière forcément allusive et éminemment compacte. En déroulant le fil discursif qui serait embobiné dans la trame serrée du poème, tout en faisant appel au journal de bord de Christophe Colomb, c’est le sonnet qui finit par nous fournir une clef de lecture inusitée pour saisir à l’œuvre la conceptualisation deleuzo-guattarienne. En dernière analyse, Mille plateaux est relu à l’aune des métaphores hérédiennes et du contexte historique dans lequel s’enchâsse Les Conquérants.
Notes et commentaires/Note e rassegne
Patrick Amstutz, Admiranda levium spactacula rerum
Geneviève Henrot, Le sceau des solitudes: Gaston Compère et les enjeux de l’énonciation fictive
Paola Ruggeri, L’image de l’indien chez Robert Lalonde: avant et après la crise d’Oka
Paolo Budini, Nota sulle architetture dei «Tableaux parisiens»
Comptes rendus/Recensioni
Paulhan. Le clair et l’obscur, Actes du colloque de Cerisy-la-Salle 1998 réunis par C.-P. Pérez (Riccardo Campi)
Fr. Bonali Fiquet, Marguerite Yourcenar. Fragments d’un «album italien» (Patrizia Oppici)
A. Vitez, Écrits sur le théâtre, V. Le Monde, Édition établie et annotée par Nathalie Léger; É. Copfermann, Conversations avec Antoine Vitez (De Chaillot à Chaillot) (Gianni Poli)
B. Ferrato Combe, Écrire en peintre. Claude Simon et la peinture (Monica Fiorini)
La sensibilité dans la littérature française au XVIIIe siècle, textes recueillis par F. Piva (Carmelina Imbroscio)
Notes de lecture/Schede
Actualités/Notiziario
Pubblicato con un contributo del CNR.